2016-11-11

 

Souvenirs de guerre

En 1931, le Canada a fait du jour de l'Armistice, le 11 novembre, le jour du Souvenir des morts, non pas seulement des victimes de la Grande Guerre, en fait, mais de toutes les guerres.  Aujourd'hui encore, c'est l'occasion pour moi de songer aux vétérans de la guerre dans ma propre famille.  J'ai déjà évoqué les expériences de mes grands-parents paternels durant la Première Guerre mondiale.  Mon grand-père et ma grand-mère n'avaient pas encore fait connaissance.  Tandis que mon grand-père pratiquait la médecine de guerre en France, non loin du front, ma grand-mère terminait ses études dans une académie de Winnipeg.

Parmi les souvenirs ramenés par mon grand-père, j'ai retrouvé cette semaine une médaille qui semble avoir été distribué à de nombreux soldats et officiers (jusqu'à 200 000) par la ville de Verdun en reconnaissance pour leur contribution à la défense de la ville.  En principe, seuls «  ont droit à cette médaille les anciens combattants des armées françaises ou alliées qui se sont trouvés en service commandé entre le 31 juillet 1914 et le 11 novembre 1918, dans le secteur de Verdun, compris entre l'Argonne et Saint-Mihiel, dans la zone soumise au bombardement par canon. »  À ma connaissance, pourtant, mon grand-père n'a pas été présent dans ce secteur.  À Valmy, en juin 1917, il n'est toutefois pas loin de l'Argonne.  A-t-il poussé un peu plus loin ?  Était-il en service commandé ?  Est-il retourné plus tard, dans d'autres circonstances ?  Ou bien, a-t-il récupéré la médaille d'un patient qu'il aurait traité ?
  


Le côté face de la médaille porte un buste du sculpteur Émile Séraphin Vernier (1852-1927), qui intervertit ses initiales pour signer, semble-t-il.  Vernier était un spécialiste de la taille pour les médailles.  Bien avant le siège de Madrid, le message de la médaille est clair : « On ne passe pas ».



Le côté pile de la médaille est moins belliqueux.  Tout ce qu'on découvre, ce sont des fortifications historiques de la ville et une date : « 21 février 1916 » (qui correspond au début de la bataille).  La couronne de lauriers renvoie sans doute à la couronne des triomphateurs romains pour bien marquer un affrontement qui sera perçu comme une victoire défensive des Français.

Quant à mon père, enrôlé dans l'armée canadienne à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il a conservé jusqu'à sa mort une médaille sans doute remise à tous les soldats canadiens qui avaient servi durant ce conflit.  Lui-même n'avait eu dix-huit ans qu'en 1944 et il n'a jamais combattu.  Le temps de compléter sa formation, la guerre s'achevait et il est resté au Canada pour agir comme instructeur des nouvelles recrues.
Ces deux grandes guerres ont marqué l'histoire du siècle dernier.  Si le Canada a, pour l'essentiel, échappé à la violence sur son territoire, les Canadiens ont été touchés par les affrontements.  Il est tentant de faire un parallèle avec les expériences de mon père et de mon grand-père paternel, qui ont été au cœur de l'aventure militaire sans être sur le champ de bataille.  Dans le contexte des guerres totales du vingtième siècle, les combattants n'ont été qu'un rouage des gigantesques machines déployées, de l'usine aux lignes de front, pour emporter la victoire.  S'il convient de rappeler aujourd'hui le sacrifice suprême des morts, il ne faut pas oublier non plus tous les autres sacrifices, consentis ou non, des peuples en guerre.

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