2014-08-10

 

Le futur des collèges et universités

En Ontario, le gouvernement et les universités viennent de signer une entente qui cherche à optimiser le fonctionnement des universités dans un contexte où les meilleures universités du pays sont aussi celles qui obtiennent le moins de fonds par étudiant de leur gouvernement provincial, en partie parce que les contribuables ontariens aident à financer les établissements de la plupart des autres provinces.  Il s'agit de s'assurer, sur une période de trois ans, que les universités ontariennes s'en tiendront à des priorités distinctes en évitant les dédoublements coûteux avec d'autres universités — ce que je dénonçais dans le cas des universités québécoises il n'y a pas si longtemps.  En même temps, selon le communiqué officiel, les universités et collèges ontariens pourront développer des secteurs où ils sont déjà en pointe.  A priori, c'est une solution relativement intelligente à un problème qui existe aussi ailleurs.  On aurait voulu voir le Québec commencer par là au lieu de songer tout de suite à hausser les frais étudiants, même si, tôt ou tard, un manque de ressources ne peut plus être résolu par le rationnement ou la ré-allocation, mais par un nouveau financement.

Dans le cas des cégeps, les déclins régionaux poussent enfin les acteurs à réfléchir.  Dans cet article de La Presse, la Fédération étudiante collégiale du Québec envisage de soutenir de nouvelles avenues, « notamment celles de mettre en place des incitatifs financiers pour encourager les étudiants à se rendre en régions, et de créer des créneaux d'étude exclusifs aux régions ».

En examinant l'entente de mandat stratégique (.PDF) signée par l'Université d'Ottawa, je constate que l'université s'engage à miser sur le bilinguisme, l'entrepreneuriat, l'apprentissage par l'expérience ou en ligne, les échanges et partenariats internationaux et la recherche en santé, gouvernance et sciences et génie.  Outre ces derniers, elle identifie comme forces les secteurs du droit (bijuridisme), des humanités et de l'éducation.  Toutefois, l'université souhaite favoriser la croissance dans cinq domaines plus particulièrement : (i) gestion et communication, (ii) sciences et génie, (iii) environnement, (iv) politiques publiques et (v) santé.  Là-dessus, la province la met en garde que plusieurs autres universités veulent développer leurs programmes de génie et que la province ne veut rien garantir en ce moment.  De par son rôle d'institution bilingue, l'Université d'Ottawa exprime aussi le souhait d'obtenir un soutien additionnel du gouvernement...

Au Canada, la question du financement de la recherche universitaire n'est pas qu'un sujet provincial.  Plusieurs autres acteurs participent à ce financement, dont le gouvernement fédéral, les gouvernements provinciaux, des compagnies privées ou sans but lucratif et des fonds étrangers.

Pour le Canada tout entier, l'évolution depuis 2007 — sous les Conservateurs de Harper — n'est pas encourageante.  Le gros du financement de la RD en sciences naturelles et génie dans les universités et les hôpitaux de recherche affiliés, les stations expérimentales et les cliniques provient en fait de ses établissements eux-mêmes.  Le financement fédéral, après un sursaut post-récession, a été sabré tandis que les provinces, elles, n'ont cessé d'augmenter leur financement.  L'apport des entreprises commerciales stagne tandis que celui des organismes sans but lucratif a un peu augmenté.  Bref, comme on le voit dans la figure ci-dessous, ni les Conservateurs fédéraux ni les compagnies privées ne font vraiment leur part.



Au niveau provincial, on ne peut que saluer l'effort des provinces, qui se confirme dans le cas de la recherche en sciences sociales et humaines.  La prépondérance de la contribution des établissements est encore plus marquée, le désengagement du fédéral est identifique et l'apport des entreprises commerciales est minime, comme on le voit dans la figure suivante.  (Quant aux fonds de source étrangère, ils sont inexistants dans ce créneau.)



Au Québec, la part provinciale dépasse depuis 2009 la barre des 50% de la part fédérale.  Évidemment, ceci ne veut pas dire que les administrations provinciales financent la moitié de la RD au Québec.  Pour les sciences naturelles et le génie, la part du total assumée par les administrations provinciales est passée de 9,76% en 2007-8 à 12,5% en 2012-13 et de 9,88% à 12,8% pour les sciences sociales et humaines.



Dans la figure ci-dessus, il est clair que l'Ontario, après avoir pris du retard, a commencé à rattraper le niveau du financement du Québec en 2012-13 (par rapport à la seule contribution fédérale).  La part provinciale du total reste toutefois plus faible en Ontario qu'au Québec.  Pour les sciences naturelles et le génie, cette part est passé de 8,09% en 2007-8 à 10,5% en 2012-13 et de 8,35% à 10,6% pour les sciences sociales et humaines.  La différence est compensée en partie par la générosité des compagnies privées, qui est plus grande en Ontario pour la RD en sciences naturelles et génie et plus grande au Québec pour la RD en sciences sociales et humaines.


Bref, en attendant un nouveau gouvernement au fédéral, l'avenir des collèges et universités sera de plus en plus déterminé par le palier provincial et par leurs propres décisions.

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