2013-03-29

 

Les prix Aurora/Boréal de cette année (2)

Après les livres, les nouvelles.  C'est une catégorie un peu plus délicate puisque j'ai trois nouvelles en lice, mais je n'essaierai pas de les inclure dans mon top 10.  Je dois aussi exclure de ce palmarès les nouvelles qui n'ont pas été publiées de manière professionnelle (deux nouvelles parues dans Brins d'Éternité 32 en feraient partie sinon).

Il fut un temps où L'Année de la science-fiction et du fantastique québécois offrait un classement des meilleures nouvelles de l'année, en fonction des notes attribuées par des critiques triés sur le volet.  Depuis la disparition des anthologies, collectifs et recueils, le nombre de nouvelles de SFFFHCF est devenu si réduit que la tâche est plus facile, mais que le cercle des amateurs et créateurs évite difficilement les conflits d'intérêt.  Comme je ne recule devant rien, je livre quand même (dans le désordre) mon top 10 approximatif, même s'il me reste encore une poignée de nouvelles à lire.

On notera tout d'abord que ce fut une bonne année pour le clan des Côté.  La nouvelle « Tout à la fois » de David Côté dans Solaris abordait le thème rebattu de l'invasion extraterrestre de manière originale, à la fois par le ton de la narration et par la description de son déroulement.  Les nouvelles « Le Disséminateur » et « Le fantôme dans le mécha » — également dans Solaris — de Philippe-Aubert Côté ont confirmé l'émergence d'un écrivain en pleine possession de ses moyens.  En tant qu'amateur de bonne science-fiction, je ne pouvais qu'être sensible à ces efforts, mais j'ai aussi apprécié, quoique dans une moindre mesure, « La danse de Jasmine » dans la revue Zinc.

Même si on n'est jamais loin du pastiche avec Alain Bergeron, sa nouvelle « Aurores à venir » dans Solaris jouait habilement avec la thématique asimovienne en évoquant la nostalgie de la science-fiction optimiste d'une époque de plus en plus lointaine.

Si ses textes relèvent un peu aussi du pastiche, Luc Dagenais mise en revanche sur un ton beaucoup plus personnel dans ses nouvelles « Les dieux pure-laine » et « 514 YIH-OOPI », parus respectivement dans Solaris et Exodes.  Son exploitation et son détournement de mythes québécois rappellent un peu la démarche de Claude Lalumière, mais les excès de la narration en font quelque chose de plus trash et de plus jouissif à la fois.

Également dans la veine du pastiche, Carlo Lavoie a fait se rencontrer le noir et le fantastique dans « Les adorateurs de sorcières » (une nouvelle parue dans Solaris) en optant plutôt pour la justesse de ton.  Le résultat, sans être véritablement original, procurait un plaisir de lecture décalé aux amateurs des fictions d'hier.

Du coup, dans une année apparemment vouée aux hommages frisant le pastiche (et vice-versa), la nouvelle « Quand les pierres rêvent » d'Ariane Gélinas dans Solaris n'en paraît que plus singulière.  Un peu énigmatique, mais certainement émouvante.

Deux vieux routiers, Hugues Morin et Francine Pelletier, ont signé en 2012 des nouvelles plus ou moins asimoviennes, « i-Robot » (dans Solaris) et « Trois fenêtres ouvertes sur l'humain » (dans L'Écrit primal).  La maîtrise de l'écriture était au rendez-vous, mais l'intérêt du lecteur se perdait un peu dans les nuances et les demi-teintes de la narration.

Comme cela se fait aussi, j'accorderais volontiers des mentions honorables à quelques textes qui ressortent de l'abondante catégorie des nouvelles de bonne tenue, tout à fait abouties, mais peut-être un peu trop sages.  Toutefois, plus je regarde la liste, plus j'ai tendance à croire que si certaines nouvelles sont restées en mémoire, c'était peut-être pour des raisons avant tout subjectives.  Par conséquent, je vais m'en tenir à la liste ci-dessous, en espérant stimuler la lecture, la réflexion ou la participation aux prix Aurora/Boréal de cette année.

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