2011-01-23

 

Promenade au pays du froid

L'hiver, le vrai, est enfin de passage à Québec. Plus besoin de s'inquiéter de neige fondante, de verglas, de glaçons qui se détachent des gouttières, de sloche et de gadoue... La neige grince sous la botte comme une meringue fraîche sous la dent. Mais au moment d'emprunter une Communauto, on s'inquiète un moment : la voiture va-t-elle démarrer? Car, puisqu'une amie française était en visite, nous lui avons offert une balade jusqu'aux chutes Montmorency. Quelques obstacles se présentent, dont un portillon cadenassé et flanqué d'un avis prévenant les promeneurs qu'ils le franchiraient à leurs risques et périls. Il était possible de le sauter, cependant, ou de le contourner en empruntant la voie du chemin de fer, puis en passant dessous.Comme on peut le voir ci-dessus, la chute principale coule encore, encadrée par des falaises de glace. (La chute dite le Voile de la Mariée coule aussi, même si le rideau de glace est encore plus massif.) Le paysage est d'une beauté sauvage et austère, qui fait oublier la proximité de la ville. Les quelques visiteurs sont des alpinistes qui s'exercent à l'ascension de pentes glacées sans trop s'intéresser au décor. D'autres visiteurs empruntent le téléphérique et se joignent sans doute aux flâneurs qui se lancent sur le pont au sommet de la chute pour l'admirer d'en haut.

En tout cas, la douceur de l'hiver québécois jusqu'à maintenant est révélée par la faible hauteur du pain de glace, du sommet duquel j'ai pris cette photo du pied de la chute. La glace sonnait un peu creux sous le talon, mais la fine couche de neige poudreuse à la surface de la glace portait de nombreuses traces de pas. Pas grand-chose à craindre, donc. L'impression de solitude était encore plus forte. On n'entendait plus que la chute et on n'apercevait plus que la chute, la brume soulevée par l'eau et un contrefort du pain de glace, dont le revêtement neigeux n'était marqué que de quelques rares séries de pas laissées par les plus aventureux...Enfin, de la pointe de l'île d'Orléans, le Saint-Laurent apparaissait comme une banquise de glaces parfois souillées, bosselées, craquelées, soulevées et stratifiées. Le soleil couchant brillait sur Québec et les silhouettes de ses édifices, dont le Château Frontenac, ainsi que sur les panaches de fumées ou de vapeurs vomies par les usines. Si nous n'avions pas vu de l'autoroute quelques étendues liquides, nous aurions pu croire que tout le fleuve était gelé, de Montréal jusqu'à son embouchure — et qu'il aurait suffi de s'aventurer sur la glace pour rejoindre le Vieux-Port... « Un paysage de fin du monde », a fait remarquer Lily. Ou post-apocalyptique, comme dans certains films. Et le village de Sainte-Pétronille était à peine plus affairé qu'un village post-apocalyptique. Mais le soleil nous indiquait aussi le chemin du retour.

Libellés : ,


Comments: Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?