2010-03-11

 

L'espace à vendre

Il y a cinquante ans, l'espace, c'était le futur. Pour faire référence au futur, aux changements techniques, aux espoirs pour demain, bref, au progrès et à la modernité, il suffisait d'évoquer la conquête de l'espace. Aux États-Unis, il y avait même surdétermination. D'une part, à l'aube du programme spatial, de juteux contrats à venir (surtout pour la défense, mais aussi pour l'exploration spatiale) promettaient un avenir radieux tout ce qu'il y a de plus concret aux chercheurs, ingénieurs et techniciens qui seraient embauchés. D'autre part, pour attiser l'intérêt de ceux-ci, les compagnies en quête de financement n'hésitaient pas à miser sur de la publicité faisant référence à la conquête spatiale afin de recruter les jeunes talents voulus. C'est ce que montre une série de réclames publicitaires parues vers 1960 environ, fournies par le New York Times. On se servait de l'espace pour faire vendre, afin de vendre l'espace, en définitive...

Le cercle peut paraître vicieux, mais la science-fiction intervient depuis longtemps dans cette boucle pour stimuler de l'extérieur l'intérêt pour les espaces infinis, autrefois effrayants. Après tout, des sondages remontant à 2001 démontrent aux États-Unis un lien entre l'intérêt pour la science-fiction et l'intérêt pour les sciences et la technologie, tandis qu'une étude de 1982 reliait la science-fiction au soutien de l'exploration spatiale. En râtissant du côté des fanas de l'espace, on est depuis longtemps assuré de tomber (souvent, mais pas toujours) sur des fans de science-fiction. Tant que la science-fiction s'intéressera à l'espace, le goût pour la première mènera au goût pour le second. Des études montrent bien qu'au niveau scolaire, la curiosité et les motivations personnelles comptent souvent plus pour la performance que la maîtrise d'un sujet. Et c'est ce qui a inspiré de nombreuses tentatives pour utiliser la science-fiction comme bougie d'allumage et moyen d'apprentissage des sciences et des techniques...

Mais la surdétermination d'hier n'est plus aussi présente. Il y a des industries spatiales (satellites d'observation et de télécomunications), mais elles sont relativement stables et elles ne quittent pratiquement pas l'orbite terrestre. Seules les agences gouvernementales continuent à explorer le système solaire.

Si l'espace, ce n'est plus le futur que pour une minorité apparemment de moins en moins nombreuse, est-ce la faute à la science-fiction? Ou est-ce que la science-fiction est moins populaire parce qu'elle aime l'espace? À l'heure du succès d'Avatar, on peut citer des arguments dans les deux sens : la science-fiction peut être populaire quand elle revient sur le plancher des vaches, mais la science-fiction ne rend pas le futur de l'humanité très attrayant...

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