2009-04-25

 

Culture et torture

La culture du « tout est dû » est-elle le produit inéluctable de la prospérité ? Et mène-t-elle inévitablement à une plus grande approbation de la torture ?

La culture de l'entitlement en Occident est sans doute née d'excellentes intentions, dont celle de prendre au sérieux les déclarations reconnaissant des droits égaux à tous, hommes et femmes, riches et pauvres, jeunes et vieux, quelle que soit la couleur de la peau ou la nationalité. De plus, la prospérité des sociétés occidentales leur a permis de viser la culture du risque zéro. Ce qui n'est pas mauvais en soi, mais a pu conforter les citoyens dans la conviction qu'aucun risque n'était permissible, en quelque circonstance que ce soit. Après tout, la sécurité de l'individu est aussi un droit humain et il peut sembler logique qu'au nom de la sécurité de tous, on excuse les attentats à la dignité humaine.

Il y a déjà deux ans, je réduisais le problème à une question d'égoïsme pur, résumé aux États-Unis par une version particulièrement pernicieuse de l'aphorisme voulant que la fin justifie les moyens : « Winning isn't everything; it's the only thing ». De ce point de vue, la torture serait justifiée dès lors qu'elle obtiendrait des aveux. La culture (voire le culte) du résultat est telle aux États-Unis que même les plus progressistes (en commençant par Jon Stewart) ont considéré qu'il y avait là un dilemme potentiel...

C'est sans doute ce qui explique pourquoi le refus de la torture par la population aux États-Unis est sous la moyenne obtenue dans dix-neuf pays de la planète par un sondage de 2008. Avec 53% de répondants rejetant l'usage de la torture dans tous les cas, les États-Unis faisaient mieux que des pays comme la Turquie, l'Iran, la Russie, le Nigéria (où on ne tient sans doute pas la lapidation pour une forme de torture), la Corée du Sud, la Thaïlande et l'Inde. La proportion de la population favorable à l'usage généralisé de la torture était de 13% aux États-Unis; ce niveau n'était dépassé qu'en Turquie, au Nigéria et en Chine. C'est quand même stupéfiant : une personne sur 7 ou 8 aux États-Unis était en faveur d'un retour aux méthodes de l'Inquisition, et pas nécessairement pour lutter uniquement contre le terrorisme.

Sans doute que cette frange de la population était sur-représentée au sein de l'administration Bush... Dans un commentaire signé pour le New York Times, Frank Rich démonte le mécanisme probable (à la lumière des informations disponibles actuellement) du recours à la torture par l'administration Bush. Le soupçon qui se fait jour, c'est que la torture de certains individus n'a pas été justifiée par la peur d'un danger imminent, mais qu'elle a été dictée par le besoin d'obtenir un aveu susceptible d'associer l'Irak de Saddam aux terroristes du 11 septembre afin de justifier une invasion injustifiable... Mais pour 13% des habitants des États-Unis, ceci n'aura rien d'horrifiant en soi. Et c'est ce qui est vraiment horrifiant.

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Comments:
Je pense que beaucoup ne savent pas que le torture functionne pas, meme si qui ne devrait pas question (http://www.democracynow.org/2009/4/27/headlines). Entitlement...oui.

Aussi; as-tu vu ce article?
http://susiebright.blogs.com/susie_brights_journal_/2009/04/sere-training-turned-my-boyfriend-from-dr-jekyll-to-mr-hyde.html

M'demande que le culture militaire des E.U. a plus de un peu part du le utilisation du ce outrage. Mais c'est seulement le utilisation. Je ne sais pas parce que tant de gens pense c'est un moyen legitimate...peut-etre propagande.
 
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