2009-02-08

 

Ne pas pousser assez loin...

Le nouveau film de sf du mois, Push, est un produit un peu surprenant. D'une part, les moyens mis en œuvre sont dignes d'un long métrage hollywoodien de première catégorie : quelques noms connus (Dakota Fanning, Djimon Hounsou, Chris Evans), un tournage dans les rues de Hong Kong et un budget qui nous vaut des effets spéciaux efficaces sans être ébouriffants. D'autre part, le scénario...

Ah, le scénario... Comme dans Jumper, on se demande ce que ça leur coûterait de payer un scénariste de plus pour accoucher d'un scénario bien ficelé. L'équivalent du budget de maquillage de Dakota Fanning? La création d'univers est quelconque : le film évoque l'intérêt de plusieurs pays pour les talents paranormaux, en particulier au temps de la Guerre froide, et il postule que ces gouvernements ont élevé en vase clos des personnes dotées de pouvoirs particuliers tout en cherchant à augmenter toujours plus la puissance de ces pouvoirs. Au fil des ans, les survivants de ces programmes ont obtenu de vivre en marge de la société... jusqu'au jour où une cobaye survit à l'injection du sérum censé amplifier ses pouvoirs. Cette Kira (la jolie Camilla Belle) s'enfuit et se retrouve à Hong Kong, en quête d'un vieil ami de cœur du nom de Nick. Là-dessus se greffe une jeune fille précognitive, dont la mère est prisonnière du gouvernement étatsunien, et débute alors une chasse-poursuite pour retrouver l'échantillon de sérum que Kira a dérobé en prenant la fuite.

On croyait les pouvoirs paranormaux périmés, mais pas à Hollywood, de toute évidence. Le film essaie de corser les choses en mettant en scène l'affrontement de deux voyantes qui, en travaillant chacune pour un camp, peuvent faire pencher la balance en déchiffrant correctement le sens des visions qu'elles obtiennent. Le protagoniste essaie de se soustraire à leur surveillance en rédigeant des instructions scellées et en se faisant effacer la mémoire pour que, soudain, personne n'ait plus conscience de préparer un futur spécifique. Ceci peut se justifier, mais le film n'a pas trouvé la formule frappante qui aurait convaincu les spectateurs. C'est encore pire quand le chef des agents chargés de retrouver Kira exerce sur elle son pouvoir de suggestion, celui de « pousser » (d'où le titre du film) des idées dans la tête des autres. Car Kira aussi a ce même don, et n'est-il pas censé être amplifié par le sérum qu'elle a pris? Mais son ennemi la convainc qu'elle est une agente double sans difficulté apparente... Plus tard, Chris lui fournit une preuve du mensonge qu'on lui a fait avaler, mais, à l'ère de Photoshop, elle n'est pas très convaincante. N'aurait-il pas été plus simple pour Kira de prendre de vitesse son ennemi en le persuadant qu'il l'avait déjà persuadée?

Sinon, c'est le style du film qui détonne un peu, car Push n'est pas du tout filmé comme un film de superhéros étatsuniens. Il rappelle beaucoup plus nettement la narration baroque des films d'action asiatiques, fantastiques ou non, et je ne crois pas que ce soit seulement le résultat du décor. Toutefois, ce goût d'un certain clinquant superficiel et de notes comiques toujours à la limite de l'incongruité, contrairement à l'esprit habituel des dramatiques hollywoodiennes, l'apparenterait plutôt à un certain genre de film de série B. Du coup, on a du mal à se positionner. On est à un doigt du pastiche, comme dans Ultraviolet, mais on ne verse jamais dans le psychotronique pur comme dans Truffe. En fin de compte, il manquait sans doute à Push la note d'émotion qui a permis à certains films de superhéros (comme The Incredible Hulk) de pousser un peu plus loin.

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