2009-02-26

 

La peur du petit

En décembre dernier, Philippe-Aubert Côté signalait sur une liste ce billet fort intéressant sur les réactions à la nanotechnologie en fonction du degré d'information des personnes sondées. Autrement dit, si on informe le public de manière plus ou moins équilibrée sur les bienfaits et les risques de la nanotechnologie, on découvre qu'il n'est pas automatiquement gagné à la cause du développement de la nanotechnologie.

Pourtant, les développements concrets restent fascinants. Dans les grandes foires de la nanotechnologie, on s'intéresse autant à l'électronique et aux microsystèmes qu'aux matériaux et aux nanostructures, qu'à la médecine ou aux environnements propres (pour la manufacture). Et l'importance économique de la nanotechnologie a suscité des efforts de compréhension et de recherche sur cette croissance fulgurante d'une nouvelle industrie. Des groupes de recherches sont apparus : le Center for Nanotechnology in Society à l'université d'État de l'Arizona, le Center for Nanotechnology in Society (bis!) à l'Université de la Californie à Santa Barbara, le Center on Nanotechnology and Society à l'Institut de Technologie de l'Illinois, le Nanotechnology & Society Research Group de la Northeastern University ou l'International Nanotechnology and Society Network. D'autres groupes sont plus ouvertement voués à la défense des intérêts du public dans le cadre de l'émergence de la nanotechnologie ou à l'analyse de l'éthique (.PDF) de la nanotech... Et des artistes comme Lucia Covi ont fait de l'art (.PDF) avec les paysages du nanomonde.

La recherche n'est pas en reste, avec plus de trente ans d'histoire dans le cas du NanoScale Science & Technology Facility de l'Université Cornell, par exemple. (Dans certains cas, les centres de nanotechnologie, comme à l'Université de Caroline du Sud, combine la recherche technologique et les études anthropologiques.) L'équipe de Sylvain Martel à l'École Polytechnique de Montréal, dont j'ai déjà parlé puisqu'elle m'a piqué (!) une idée, a maintenant son propre wiki. Quant à la nanorobotique dont la science-fiction a rêvé, elle est encore l'objet de recherches par des équipes universitaires comme à Carnegie Mellon. Robert A. Freitas a compilé sur cette page une liste chronologique des idées, publications et réalisations en nanorobotique médicale. Dans cette liste, mon utilisation de nanorobots médicaux dans Pour des soleils froids, paru sous forme de roman en 1994 mais sorti en feuilleton dès 1991, n'est pas exactement en avance sur tout le monde, mais n'est pas trop en retard non plus : « Hémorragies multiples dues à l'accélération, tendons et muscles déchirés, hécatombe de globules blancs, tissus tués par les radiations directes, débuts de tumeurs malignes, obscurcissements de la cornée : des nanomachines avaient dû quadriller ses artères pour colmater, nettoyer et tuer. »

N'est-ce pas une idée séduisante? Eh bien, pas pour tout le monde (même si la nanomédecine justifie maintenant l'organisation d'événements un peu partout, y compris au Portugal).

En fait, il s'agit d'une constatation relativement décourageante de la recherche en communication scientifique que la corrélation entre le niveau de connaissances scientifiques des citoyens et leurs attitudes à l'égard des sciences ou de la recherche est assez faible. Dans certains cas, si un champ de recherche soulève des questions délicates, une connaissance approfondie peut engendrer aussi bien le rejet que l'ouverture. Je n'aurais pas cru que la nanotechnologie pût être aussi controversée que la biotechnologie, mais il faut croire que si on se met à jouer avec l'invisible, on risque de susciter l'inquiétude...

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