2009-01-18

 

L'autisme québécois

En ces temps d'obsessions québécocentriques (le Bye Bye? vraiment?), l'autisme franco-québécois devient plus évident que jamais. Et j'écoute Radio-Canada, et je lis parfois La Presse, en me demandant ce que donneraient les autres médias (TQS et cie)... Puisqu'il paraît que le Bye Bye a fait la une du Journal de Montréal, et plus d'une fois, je crois connaître la réponse : toujours plus de nombrilisme, toujours moins d'ouverture à ce qui n'est pas le point de vue consensuel des boomers blancs d'origine canadienne-française du Québec, plus ou moins nationalistes. (Stephen Harper aurait fait beaucoup plus mal s'il avait reproché à la culture québécoise non sa fréquentation de galas, mais sa capacité à ressasser sans cesse le passé, du Déserteur à Polytechnique, tout en mordant comme Falardeau la main qui la nourrit.)

Les autres médias canadiens ne sont pas toujours d'un niveau beaucoup plus élevé, mais on aura au moins l'impression de se trouver dans une Amérique du Nord qui est plus grande que la vallée du Saint-Laurent, même si elle ne descend pas au sud du Rio Grande. La seule bouffée d'air frais au Québec vient de l'ouverture sur la France et, dans une moindre mesure, sur la Belgique, tandis que le Canada anglophone reste ouvert sur les actualités de la Grande-Bretagne (mais beaucoup moins de l'Irlande, curieusement).

En tout cas, si je suis obligé de regarder à Ottawa des émissions québécoises largement subventionnées par le reste du Canada, j'aimerais au moins que les points de vue du reste du Canada et de la francophonie hors-Québec ne soient pas systématiquement exclus. Prenons Le Club des Ex de RDI; longtemps, l'émission a roulé avec trois ex-politiciens québécois. Plus récemment, elle a commencé à inclure Benoît Bouchard pour les commentaires sur la politique fédérale et pour avoir un point de vue un peu plus à droite. Donc, quatre politiciens québécois, et pas un franco-ontarien ou acadien, voire une francophile hors-Québec comme Sheila Copps. Or, de temps en temps, on entendrait peut-être dire que, non, le Québec n'est pas toujours la province la plus désavantagée de la fédération.

Hier, la radio de Radio-Canada voulait se pencher sur la concentration montréalaise des non-francophones qui se traduit aujourd'hui par la minorisation des Québécois d'origine canadienne-française. Outre les débats de démographes et les manipulations de Castonguay (qui exploite sans vergogne une variable dérivée comme la force d'attraction d'une langue pour se suspendre sans cesse à la sonnette d'alarme), on retiendra que Radio-Canada n'avait convoqué ni Québécois non-francophones ni Québécois immigrés pour intervenir. Au lieu de poser des questions sur, mettons, le manque de promotion sociale et financière des immigrants qui leur permettrait d'investir aussi les banlieues, sur le refus de la majorité d'intégrer convenablement les minorités pour les attirer vers le français ou sur la fuite des francophones (si on peut parler de « white flight » aux États-Unis, pourquoi pas au Québec?) dans les banlieues de la couronne montréalaise, on était condamné avec Gérald Larose à se replonger dans les vieilles lunes souverainistes. Comme si l'indépendance du Québec éloignerait d'un centimètre le Québec du reste de l'Amérique du Nord. (En souhaitant évidemment que la logique indépendantiste n'aille pas jusqu'à la reconduite à la frontière des non-francophones ou aux tests de citoyenneté qui hantent de toute évidence quelques cervelles nationalistes plus ou moins racornies.)

En attendant que les indépendantistes trouvent le moyen de remorquer le Québec au plein milieu de l'Atlantique, je continuerai à souhaiter pour la nouvelle année quelques points de vue différents de plus dans les médias québécois.

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Comments:
Hum... Je vais passer mon tour pour un de ces films...

Michèle
 
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