2008-12-04

 

La pire décision

On a beaucoup parlé de coup d'État cette semaine, mais la décision de la gouverneure-générale aura été ce qui nous en rapproche le plus.

Il faut faire abstraction de toutes les considérations purement politiques du moment (mauvaise performance de Dion, délégitimation du Bloc Québécois, incitations démagogiques dans l'Ouest) pour s'en tenir aux considérations purement institutionnelles. Il s'agissait, selon les experts, d'un geste sans précédent que cette demande de prorogation dans le contexte d'un vote de confiance appréhendé et de la mise sur pied d'un gouvernement potentiel de remplacement.

La gouverneure-générale avait trois choix : elle pouvait dire oui, elle pouvait dire non et elle pouvait adopter une solution intermédiaire (suspendre la session pour une période plus courte que voulue et/ou limiter les pouvoirs du gouvernement durant la levée de la séance). Ce qu'elle fait en disant oui, c'est refuser de reconnaître le caractère d'exception de la situation alors qu'elle l'aurait fait implicitement dans l'un ou l'autre cas.

Elle accorde au premier ministre en place une présomption de légitimité qui n'existait pas auparavant dans les conventions constitutionnelles. Il s'agit donc d'un agrandissement objectif des pouvoirs du premier ministre, ce qui signifie par contrecoup l'affaiblissement des pouvoirs de nos élus. Pour qui se soucie vraiment de démocratie au Canada, c'est la pire décision possible.

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Comments:
J'ai vu les titres en Google; mes sympathies.
 
Je partage tout à fait ton avis, même si je ne connais pas encore suffisamment la politique et le gouvernement au Canada. C'est un gros coup contre la démocratie.
 
Ce n'est pas nécessairement catastrophique, mais c'est un précédent extrêmement malheureux.
 
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