2008-08-25

 

L'été des chaises pliantes

(Les silos de la compagnie Bunge sur le bassin Louise avant...)

J'aurai fait ma part pour le quatre centième anniversaire de Québec. Non, je ne suis pas allé célébrer Québec avec un Anglais (Paul McCartney), une petite fille de Charlemagne/Las Vegas (Céline Dion) ou des Français (le spectacle Paris-Québec). J'ai préféré passer quelques heures à Québec pour assister au spectacle de Robert Lepage. Son Moulin à images fera peut-être des petits l'an prochain maintenant que le potentiel des silos du bassin Louise est démontré, mais c'est pour l'instant un événement unique, propre à Québec, qui évoque son art, son histoire et sa société... et qu'on ne peut pas voir ailleurs. On ne peut pas en dire autant des grands concerts sur les plaines d'Abraham. Dion et McCartney en ont fait d'autres ailleurs et ils pourraient faire presque exactement le même ailleurs, à quelques mots de français près.(Le début du spectaculaire Moulin à Images de Lepage...)

Quelle ironie pourtant que ce plus québecquois des spectacles du 400e soit muet! Ceux qui se sont plaint de l'absence de dimension historique au programme des festivités n'avaient pas entièrement raison : Lepage rend hommage aux fondateurs, aux voyageurs, aux personnages politiques, aux architectes, aux artistes, aux industries, aux bâtisseurs, aux moyens de transport, aux sports, aux divertissements, aux nouvelles technologies, à la vie nocturne... et j'en passe sûrement. Mais il le fait sans les nommer, sans rien dire que ce soit. Au minimum, il faudrait un petit guide abrégé pour le spectateur afin de tout éclairer, tout expliquer. Je sais qui est Charles Baillairgé et ce qu'il a fait, de sorte que j'ai essayé de prendre en photo les images illustrant ses travaux municipaux à Québec, ci-dessous. Mais combien d'autres dans la foule? (Un des escaliers de fer forgé de Charles Baillairgé)

Si Lepage et les siens ont choisi des séquences audiovisuelles représentatives, il n'y en avait pas beaucoup de vraiment connues. Ni clichés iconiques, ni airs familiers, ni paroles historiques, ni extraits de reportages maintes fois ressassés, ni voix célèbres... Pour sortir des sentiers battus? Sans doute. Mais je résiste difficilement à un soupçon ignoble : et si c'était un choix délibéré pour épargner sur les frais de rediffusion qui auraient pu devenir onéreux à raison d'une représentation par soir pendant deux mois et plus. Ainsi, les chutes successives du pont de Québec sont uniquement évoquées au moyen de dessins et d'effets sonores...(Le tristement célèbre pont de Québec, seconde version...)

En tout cas, je saisis maintenant à quel point le choix de l'œuvre de Michel Goulet que j'avais découverte en juin était perspicace : toutes ces chaises en plein trottoir étaient authentiquement prémonitoires! On se souviendra peut-être de l'été 2008 à Québec pour ses spectacles, ses événements spéciaux, son afflux de touristes... Mais les témoins de 2008 retiendront peut-être aussi que ce fut l'été des chaises pliantes. Avant, pendant et après, on aura vu ces chaises parader dans les rues de Québec, tenues sous le bras, suspendues en bandoulière ou accrochées dans le dos des spectateurs en uniforme (tee-shirt et bermudas) qui avançaient sagement à la queue leu leu. Il y avait des chaises pliantes à l'ancienne, un peu rouillées par les ans, mais il y avait surtout le nouveau modèle tout confort, le vrai fauteuil en toile avec des accoudoirs et des petites pochettes dans les accoudoirs pour un amuse-gueules, un verre ou une bouteille de bière.

Bref, je garderai un bon souvenir du Moulin à Images, si ce n'est que pour les images, la trame sonore ou la virtuosité technique de l'exploit. Mais, en incurable prof d'histoire, je regrette l'occasion ratée de dire quelque chose sur la ville de Québec, son histoire ou son destin.

Libellés : ,


Comments:
Bonjour Jean-Louis !

Contente que tu aies apprécié ce mur d'images que je trouve superbe. je ferai le même reproche, à savoir que cela manque de sous-titres ! Je ne connais encore que très peu l'histoire de Québec, autant la ville que la province, et je manque de références locales pour tout apprécier au complet. Baillargé est mentionné sur les images. Mais beaucoup d'autres, prêtres et supérieures de couvents, sont juste montrés.
Cette manifestation m'a fait penser à ce qui se fait dans ma ville natale de Lyon tous les 8 décembre : des mise en images sur les murs, dans différents lieux, pour produire de l'art urbain.
Mais l'ampleur de ce mur est vraiment exceptionnelle, tout comme son thème. Superbe. Je crois qu'ils ont avancé l'heure à 21h30 maintenant, parce que les riverains se sont plaints du bruit.
 
Et, bien sûr, ils ont pu tout simplement pu avancer l'heure parce qu'il fait nuit plus tôt...
 
Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?