2008-07-19

 

Duel textuel

La troisième journée de Readercon est toujours la plus remplie, mais pas nécessairement par les événements au programme officiel. Ainsi, j'ai certainement assisté à plusieurs tables rondes, mais ce n'est pas ce que j'ai retenu de la journée. Comme historien, je me suis senti presque obligé de venir à la table ronde « Underutilized Historical Eras in Spec Fic » sur les époques historiques sous-exploitées en SF. Toutefois, la discussion a dérivé sur les romans historiques, tout en ne parlant qu'un peu des uchronies et quasiment pas de la valeur de certaines époques pour alimenter ou inspirer la réflexion des créateurs de monde. Quant au panel sur la communication chez Lem, « In Space, No One Can Understand You », il n'est pas entièrement sorti des généralités, mais les témoignages étaient bien sentis et ils soulignaient l'importance de la communication tout court chez Lem quand les ouvrages de science-fiction sont si nombreux à sauter par-dessus, par exemple avec le Traducteur universel de Star Trek. Mais le clou de la journée, après les réunions d'affaires et les rencontres entre amis, c'était bien entendu The 22nd Kirk Poland Memorial Bad Prose Competition. Dans la photo ci-dessus, Eric M. Van, James Patrick Kelly, Yves Meynard et Debra Doyle attendent l'arrivée des ultimes participants et se préparent mentalement à une chaude lutte. Il faut noter leurs airs concentrés... La plupart des ouvrages retenus dataient d'avant 1945, mais des extraits particulièrement savoureux étaient issus des pages de Stephen Donaldson et d'un roman tout neuf, The Wanderer's Tale de David Bilsborough (Tor, 2007) — déjà traduit et publié en français chez Plon Jeunesse... Quand j'étais jeune, je trouvais le style de Donaldson singulier, mais la profusion verbale pouvait cacher le sens exquis du faux emploi. Le passage retenu ne dissimulait rien de ses faiblesses, disons... Quant à Bilsborough, qui se voulait sans doute comique, il cumulait en quelques pages des absurdités qui avaient de quoi laisser pantois et qui seraient assez représentatives de l'ouvrage (ou de l'auteur), si je n'en crois que ce blogueur montréalais sur la fantasy... Comme l'ami Grimmwire avait annoncé qu'il ne reviendrait pas s'il perdait, le suspense était au rendez-vous et, durant l'événement, j'ai composé rapidement un sonnet pour honorer l'éventuel gagnant, en me gardant quelques vers de réserve selon la tournure des événements. En fin de compte, je n'ai pas eu à invoquer un « verdict cruel », car Grimmwire a perdu (il salue une dernière fois ses fans dans la photo ci-contre) et la foule a perdu, mais Yves a gagné. Dans la photo ci-dessus, on le voit au moment de l'annonce, chaleureusement applaudi par l'auditoire et les autres participants.
Les deux champions

Quand la foule aura ri, il n'en restera qu'un.
Ils étaient deux amis, mais si l'un est battu,
l'autre dira merci : aimé pour ses vertus
et pour son art chéri, il est celui qui vainc!

Des deux fiers concurrents, il n'en restera qu'un,
le chevalier errant de la prose pointue,
si l'un est le plus grand, l'autre sera foutu,
réduit au triste rang des pires écrivains

Se hissant des bas-fonds, luttant pour la victoire,
L'auteur au crâne rond a conquis une gloire
scandée par les dupes de son art éternel

Et le talent déçu du champion passé,
qui gagner n'a pas su, peut attendre un dégel
tandis que l'artiste règne sans se lasser

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