2008-04-05

 

La fin du monde est une occasion

Autre produit de Robert J. Sawyer Books, Getting Near the End (2005) d'Andrew Weiner est un roman de la transcendance. Comme l'indique la phrase en exergue sur la couverture, « When the song ends, so does the world », un monde doit périr pour qu'un autre naisse. Comme on pourrait s'y attendre, la fin du monde n'est pas un sujet très rigolo, et le monde du vingt-et-unième siècle n'est pas très jojo. (S'il l'était, on comprendrait mal la nécessité d'une transformation...) Psychologue social de formation, Weiner privilégie naturellement les symptômes sociaux de la déliquescence des pays avancés, et non l'épuisement des ressources ou l'abêtissement des populations. La guerre, la criminalité, les violences urbaines et les maladies mentales signalent l'effondrement à venir, qui est prédit par les chansons d'une nouvelle chanteuse de Kapuskasing, Martha Nova, dont on suit la carrière et les rapports avec les hommes qui l'auront aimée — son imprésario Abe Levett, son confrère plus âgé Robert Duke, un chanteur légendaire en son temps, et l'astronaute Jake Denning, qui marchera sur Mars. Sans parler de son fils Daniel qui semble avoir hérité de ses talents pour la prophétie... Les États-Unis cèdent à l'attrait d'une dictature de la santé mentale, obligeant Martha Nova à se retirer de peur que ses chansons ne mettent en danger l'équilibre mental des citoyens américains, ainsi qu'une intervention de la nouvelle police de la santé mentale... N'est-elle pas déjà plus qu'une idole pour ces jeunes que l'on appelle ses « Enfants »? Mais Martha a beau avoir eu des visions de l'avenir, elle n'est qu'un jouet d'un destin déjà en marche. Elle est non seulement convaincue de savoir ce qui s'en vient, mais elle est certaine que le futur est immuable. Et les hommes avec qui elle partage ces convictions s'en effraient...

Les romans aussi ouvertement eschatologiques sont rares. Weiner invoque les mânes de Teilhard de Chardin, ce qui nous change quelque peu des Tiplers habituels. Ce qu'on peut reprocher à la narration, toutefois, c'est de laisser entendre dès les premières pages ce qui va se passer et de ne pas révéler grand-chose de neuf dans tout le reste du livre. La conclusion est un pétard mouillé, de ce point de vue, et ce qui aurait pu fonctionner dans le cadre d'une nouvelle (et il me semble bien avoir déjà lu des fragments de cette histoire ailleurs), n'a pas le même impact dans le cadre d'un roman.

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