2008-01-29

 

Lamentations et stoïcisme

Pendant que le syndicat des professeurs de l'UQÀM semble rétif à toutes formes de compressions, d'autres universités vivent quotidiennement, et sans se plaindre, des conditions au moins aussi dures. En Ontario, l'ampleur des besoins est démontrée par les nouveaux investissements annoncés de 200 millions de dollars pour la réfection des campus universitaires...

Résumons. Dans le SPUQ-Info (.PDF) de décembre, le syndicat des profs cite des chiffres en donnant l'équivalent en fonction des salaires annuels des profs, comme 1 184 083 $ (« salaire annuel d'une douzaine de profs », ce qui fixerait ce salaire à 98 674$) et 2 182 275 $ (« le salaire annuel de 20 profs », ce qui donnerait 109 114 $). Soyons plus rigoureux. L'échelle de traitement de la dernière convention collective prévoyait des salaires de 79 924 $ à 107 616 $ pour 2007 dans la catégorie la plus choyée.

Puis, comparons. Selon ce rapport (.PDF) de Statistique Canada, les professeurs titulaires de l'Université d'Ottawa gagnaient en 2006-2007 entre 78 857 et 137 671 $, la moyenne des deux extrêmes étant de 108 264 $. Les universités québécoises n'apparaissent dans aucune version de ce rapport. Ainsi, les profs de l'UQÀM commencent au même point, mais plafonnent plus vite. Toutefois, si le syndicat nous dit que le salaire typique est proche du maximum, il se peut que la moyenne des salaires soit assez semblable...

Maintenant, le syndicat nous dit que l'enseignement de quatre cours par année représente environ le tiers de la tâche des profs de l'UQÀM. Comme un chargé de cours reçoit 7 000 $ par cours, ce qui fixerait (en multipliant par trois) le salaire d'un prof à 84 000$, il se pourrait que les profs soient surpayés, ou les chargés de cours sous-payés...

Cela dit, ces chiffres suggèrent qu'on aurait tort de taper sur les profs de l'UQÀM en arguant qu'ils sont trop payés. Relativement aux autres profs du Canada, cela semble douteux. Mais ils ne font pas pitié non plus et ils ne sont pas entièrement crédibles quand ils évoquent « un dérapage immobilier dont ne sont responsables ni les étudiantes, étudiants, ni les professeures, professeurs, ni les employées, employés de l’UQAM ». Dans le même texte, ne viennent-ils pas de rappeler que les professeurs assument une « partie importante » de la « gestion académique » et « participent également aux nombreuses réunions et aux divers comités et groupes de travail que requiert une vie universitaire marquée par les exigences de la consultation, de la collégialité et de la démocratie » ?

Malgré l'insistance donnée à l'aspect « académique » de la gestion, il y a trois représentants des profs au sein du conseil d'administration de l'UQÀM. Des données cruciales semblent avoir été cachées aux administrateurs, mais les aventures immobilières de l'UQÀM auraient pu leur apparaître comme audacieuses en tant que telles et commander une saine prudence.

Ailleurs, la pression immobilière est au moins aussi aiguë. Au département d'Histoire de l'Université d'Ottawa, une vingtaine de professeurs invités ou à temps partiel se partagent trois locaux, tandis qu'une cinquantaine d'assistants à l'enseignement se partagent deux locaux dans le département de Théâtre. Les quatre profs retraités du département s'entassent dans un bureau exigu au bout d'un couloir à côté des toilettes et les professeurs embauchés pour une durée déterminée ont parfois dû s'installer dans le bureau d'un prof absent. Gageons que si un département entier à l'UQÀM devait supporter les mêmes conditions, tout le monde le saurait...

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