2007-09-26

 

Polarisation

Au fédéral, les Libéraux de Stéphane Dion sont en pleine crise, comme le fait remarquer Chantal Hébert. De plus en plus impopulaires au Québec, où ils sont même coiffés par le NDP dans certains sondages, leur chef me semble avoir acquis une sympathie distante au Canada anglophone sans réussir à percer au Québec. Si j'avais été au congrès d'investiture en février 2006, je n'aurais sans doute pas parié sur lui (et j'ai toujours du mal à croire qu'il ait gagné). Un an et demi plus tard, son anglais ne s'est pas amélioré et il n'a pas réussi à convertir les francophones à sa cause.

Du coup, il se dessine un scénario inédit avec la victoire de Mulcair. Advenant le déclenchement prochain d'une élection, il se pourrait que le NDP devienne la solution fédéraliste de rechange au Québec. Si les sondages convainquaient les autres ennemis des Conservateurs qu'il valait mieux voter pour le NDP afin de priver Stephen Harper d'un second mandat, on peut imaginer que de nombreux Canadiens accepteraient de voter stratégiquement pour Jack Layton. Dans la plupart des autres provinces du pays, le NDP a gouverné sans provoquer d'esclandre et je crois que, même en Ontario, les années Harris ont fait oublier les erreurs de Bob Rae.

Les Libéraux seraient laminés, un peu comme les Libéraux britanniques étaient devenus un tiers parti après les élections de 1922, 1923 et 1924. Ils l'auraient mérité, car les Libéraux de Paul Martin auront épuisé la patience de leurs partisans de gauche au point de les pousser dans les bras d'un NDP rénové, ou dans ceux des Verts. Certains espéraient peut-être encourager les Libéraux à opter pour des politiques plus à gauche en votant pour le NDP, mais Stéphane Dion les aura déçus en se contentant de stigmatiser Harper pour ses accointances avec le régime de Bush, mais sans jamais clarifier ses positions ou proposer une nouvelle vision du pays.

Harper espère sans doute se débarrasser des Libéraux pour enfin constituer une majorité, mais il pourrait s'en mordre les doigts, car un regroupement des votes à gauche autour du NDP pourrait accoucher d'une majorité. Dans les sondages, les Libéraux, le NDP et les Verts obtiennent la faveur de 60% des Canadiens environ...

Serait-ce une bonne chose pour le pays? Je n'en suis pas si sûr. Une polarisation droite-gauche, comme on la retrouve en France ou en Grande-Bretagne, voire aux États-Unis, pourrait aiguiser l'acrimonie des débats et entraîner des embardées politiques d'une élection à l'autre. Si les élections ne se gagnaient plus au centre, il y a fort à parier que le Canada ne se gouvernerait plus au centre...

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