2007-09-21

 

Et le choléra...

Dans la tradition, sinon dans la Bible (qui n'en parle pas), les quatre cavaliers de l'Apocalypse sont la Guerre, la Famine, la Pestilence et la Mort. En fait, il s'agit sans doute d'une réinterprétation tardive du texte évangélique dans une Europe éprouvée par les guerres, les pénuries et les pestes. Parce que la guerre affamait d'abord les populations, les maladies s'abattaient sur les victimes affaiblies et la mort passait pour ramasser les siens...

En Irak, un premier cas de choléra vient d'être confirmé à Bagdad.

Le dernier communiqué de l'Organisation mondiale de la Santé, en date du 14 septembre, faisait état d'environ 24 000 cas de « diarrhée liquide aigüe » dans trois provinces du nord. Le vibrion du choléra avait été détecté dans certains des échantillons recueillis, mais on peut supposer que les ressources manquaient pour tester tout le monde.

La maladie en soi n'est pas nouvelle dans le pays. Déjà, elle frappait régulièrement au temps des sanctions. Mais l'échelle de l'épidémie est inquiétante, et je note que deux des provinces concernées (celles d'Erbil et Sulaimanié) sont kurdes, tandis que la troisième (celle de Kirkouk) est revendiquée par les Kurdes. Or, la situation passe pour être relativement tranquille dans cette région. Par conséquent, il est permis de se demander si la dissémination du choléra ne serait pas nettement plus grave dans les autres provinces en proie aux attentats, aux combats et aux déplacements de populations, voire à une guerre civile larvée, puisque celles-ci n'auraient que rarement les moyens de s'intéresser au simple état sanitaire de la population...

Du coup, la tactique des terroristes d'Al-Quaïda qui consistait à faire sauter des camions de chlore apparaît désormais sous un autre jour, puisqu'il s'agissait non seulement d'une arme chimique rappelant la Première Guerre mondiale mais aussi d'une bombe bactériologique à retardement, puisqu'en privant la population de chlore pour rendre l'eau potable, on favorise la propagation du choléra...

Si la maladie a fait des ravages au Canada ou en France au XIXe siècle, les progrès de l'hygiène ont permis de l'oublier. Elle n'a pas disparu de pays plus pauvres. Lors de ma visite au Chili en 1992, le choléra était signalé (ainsi qu'ailleurs en Amérique du Sud) et il fallait se garer des fruits de mer en particulier.

Depuis 2000, les principales flambées de choléra ont été signalées en Afrique. Hormis l'Inde et la Micronésie en 2000, les seules exceptions à la série de cas africains sont venues de l'Afghanistan et de l'Irak, ces deux derniers pays ayant en commun d'avoir été visités par la guerre et la famine depuis quelques années. La guerre et ses fléaux galopent toujours, hier comme aujourd'hui.

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