2007-08-12

 

Le Brésil de l'imagination

Dans une introduction à son roman The Healer, Amber Hayward explique qu'elle n'a jamais visité le Brésil, mais qu'elle s'est longuement documentée sur le pays et sa culture avant de rédiger ce roman qui s'y déroule entre 1969 et 1996, approximativement — je dis « approximativement », car les dates données en cours de route, ainsi que les âges attribués aux personnages, ne concordent pas toujours.

Je n'ai pas visité non plus le Brésil, exception faite d'une courte escale à l'aéroport de São Paulo il y a longtemps, mais j'ai été parfaitement convaincu par les descriptions de l'autrice. C'est le Brésil de son imagination, mais ce n'est pas un Brésil imaginaire.

Je n'ai pas été conquis au même point par l'intrigue du roman, qui souffre de l'étalement de l'action sur une vingtaine d'années. Un guérisseur doté de pouvoirs paranormaux, Manoel da Silva, qui opère dans un quartier pauvre de Bahia, découvre qu'un chef de secte, Caldos Moreira, maîtrise les mêmes pouvoirs que lui, mais en les utilisant pour s'enrichir et faire partie des puissants de ce monde. Mais comme Manoel est un pacifiste qui a juré de ne jamais utiliser ses pouvoirs à mauvais escient, il refuse l'affrontement et se dérobe. Toutefois, il a découvert un autre détenteur des mêmes pouvoir, un enfant né sourd et aveugle, João Novaes. Mais si celui-ci incarne un espoir mal défini, Manoel et son ami canadien Harold perdent sa trace quand sa famille déménage et ils ne se retrouveront que vingt ans plus tard.

Le roman se partage donc en deux histoires, car l'histoire de Manoel cède le pas à l'histoire des malheurs de la famille Novaes. Cette chronique familiale évite le mélo, de peu, mais elle accumule quand même les misères qui accablent les personnages. C'est au point où on se demande, en particulier dans le cas de l'accident qui change leur destin, si les événements sont manipulés en sous-main par Caldos Moreira. En fin de compte, le roman ne révèle rien à ce sujet. Il existe une suite, Darkness of the God, mais je ne sais pas encore si je l'achèterai.

Malgré l'étalement dans le temps et la disparition en cours de route de plusieurs personnages majeurs, le roman reste prenant, quoique imparfait. Comme le thème des personnages doués de pouvoirs paranormaux n'a rien de neuf, c'est le cadre et le réalisme des descriptions qui font la différence, et tout l'intérêt du livre. Si je le compare à un autre roman de la collection Tesseract, Resisting Adonis de Timothy J. Anderson, The Healer vaut par l'humanité des personnages, le suivi de l'intrigue et, surtout, par la tendresse que manifestent des personnages qui ont fort à faire pour survivre aux circonstances dans un pays miné par la dictature et la pauvreté.

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