2007-07-23

 

Les ados et la lecture

Harry Potter a-t-il créé un nouveau marché ou a-t-il monopolisé celui qui existait déjà ?

On peut trouver des articles et des chiffres qui vantent l'impact de Harry Potter (51% des lecteurs de Rowling ne lisaient pas pour le plaisir avant de succomber à l'attrait de Harry) ainsi que des articles, des commentaires et des chiffres qui laissent sceptique quant à l'effet du phénomène sur les habitudes de lecture aux États-Unis (de 1982 à 2002, la proportion de jeunes adultes de 18 à 24 ans lisant pour le plaisir est passée de 60 à 43%, selon cette étude).

Il convient de noter que cette dernière étude de la National Endowment for the Arts ne concerne que les adultes de 18 ans et plus. Je n'ai vu que deux ou trois références aux 17 ans et moins. En même temps, la décroissance du lectorat est suffisamment constante depuis vingt-cinq ans pour conclure qu'il aurait été illusoire de croire que Joanna K. Rowling aurait pu renverser à elle seule une tendance vieille de vingt ans. Le déclin aurait-il été pire, autrement? Compte tenu des anecdotes nombreuses sur l'affluence de lecteurs découvrant la lecture grâce à Harry Potter, il faut aussi se rappeler qu'une étude à l'échelle des États-Unis pourrait gommer des différences régionales : la lecture aurait-elle augmenté dans les blue states et diminué dans les red states, pour des raisons nombreuses ayant trait, entre autres, au développement des églises fondamentalistes, à l'immigration étrangère et au développement localisé d'une économie du savoir? Néanmoins, si les romans de Rowling ont déplacé les albums pour enfants, comme on l'entend parfois, on pourrait soutenir qu'on y gagne au change. Un jeune lecteur de moins de 10 ans qui se lance dans un tel roman au lieu de tourner les pages d'un album développe forcément une maîtrise accrue de la lecture...

Qu'en est-il au Canada? Les témoignages sont favorables, mais les données sont rares. Dans La Presse du 18 novembre 2001, Sonia Sarfati faisait état d'un sondage réalisé par Statistique Canada en 1998 qui montrait que 40% des jeunes de 15 à 19 ans lisaient un livre par mois environ, ce qui était plus élevé que la moyenne canadienne (seuls 35% des hommes et 37% des femmes atteignaient ce niveau). L'article s'appuyait aussi sur un sondage CROP-La Presse réalisé auprès de 400 Montréalais de 12 à 17 ans du 1er au 5 novembre 2001, avec une marge d'erreur de 4,9%. Ils avaient répondu à la question suivante : « Dans une librairie, tu te diriges le plus souvent vers quelle rangée ? »

Les résultats n'étaient pas inintéressants pour ce qu'il révélait des différences entre les garçons et les filles, dont le Top 5 des choix de lecture ressemblait à ceci :

Garçons — Filles
— 14% — 57% — Romans
— 32%+ — 9% — BD
— 20%+ — 11% — Science-fiction
— 10% — 11% — Fantastique
— 11%+ — 2% — Sciences et technologies

Il y a de quoi conforter tous les préjugés, mais c'est encourageant de voir la science-fiction continuer à tenir sa place... même si je soupçonne qu'une partie des jeunes se dirigent vers le rayon « Science-fiction » parce que c'est souvent celui qui offre aussi des ouvrages de fantasy, d'horreur et de fantastique. Reste à savoir comment les choses ont évolué depuis 2001...

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Comments:
''Reste à savoir comment les choses ont évolué depuis 2001...''

ou depuis la vague...

Mince consolation, les jeunes
doivent plus lire avec l'internet!
 
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