2007-07-24

 

Le grisonnement des lecteurs québécois

À l'occasion du Rendez-vous stratégique sur la culture de l'Institut du Nouveau Monde auquel j'avais participé, l'Institut avait distribué un cahier spécial (.PDF) qui abordait plusieurs sujets sujets à débat. Le cahier incluait quelques données dignes d'intérêt si on fait partie de ceux qui s'inquiètent des effets du vieillissement sur la culture québécoise. Du coup, je vais reprendre celles qui concernaient plus particulièrement sur la littérature. (Toutes les données provenaient des Enquêtes sur les pratiques culturelles des Québécois du ministère de la Culture et des Communications, menées en 1979, 1983, 1989, 1994 et 2004.) Tout d'abord, si on examine l'âge moyen des publics pratiquant la lecture régulière d'un quotidien, d'un livre ou d'une revue, on découvre dans la figure ci-contre que, dans tous les cas, ces publics ont vieilli entre 1989 et 2004.

De même, si on examine l'âge moyen des publics qui disent avoir fréquenté un salon du livre, une librairie ou une bibliothèque au cours des douze derniers mois, on constate également une augmentation de l'âge moyen. En 2004, tous ces publics ont dépassé la quarantaine pour de bon. Évidemment, ce vieillissement accompagne le vieillissement général de la population, mais, en 2004, le public des journaux quotidiens et des salons du livre était plus âgé que l'ensemble de la population. Sur quinze ans, il faudrait sans doute tenir compte aussi de l'augmentation de la longévité, qui permet de relativiser un peu ce vieillissement, en particulier dans le cas de la lecture de livres. À titre indicatif, l'espérance de vie a continué à augmenter durant cette période. Pourtant, ce ne serait pas nécessairement mauvais que l'âge moyen des lecteurs augmente...

En effet, le cahier de l'Institut fournissait aussi des données sur le taux de participation à différentes activités culturelles. Et si on fait abstraction des passe-temps en chute libre depuis 1979 (salons des métiers d'art, théâtre d'été, toutes les formes de danse), les nouvelles sont plutôt bonnes pour la littérature. Comme on peut le voir dans la figure ci-contre, les chiffres sont à la hausse pour la fréquentation des bibliothèques et des librairies. Celle des salons du livre aurait culminé en 1999, mais sans tomber plus bas qu'en 1979. Certes, il faut rappeler à quel point l'offre a changé au fil des ans. Depuis 1979, de nouvelles bibliothèques sont apparues et Renaud-Bray a développé un réseau de grandes librairies, qui ne vendent pas que des livres et multiplient donc les prétextes d'une visite. Néanmoins, même si les clients sont plus âgés, le fait est que la fréquentation de ces institution augmente...

Enfin, j'en viens aux chiffres sur les habitudes de lecture régulière. Les données sont également encourageantes pour les littéraires, à défaut de l'être pour tous ceux qui vivent de l'écriture. Comme on peut le voir dans cette figure, il y a une baisse dramatique du lectorat des journaux quotidiens. Après avoir culminé vers 1989, la décroissance semble inexorable et elle est reflétée dans le cas de la lecture de revues ou de magazines. Est-ce l'effet de la télévision ou est-ce déjà l'effet d'internet? En revanche, la lecture de livres suit une évolution inverse. Après avoir décliné jusqu'en 1999, elle reprend du mieux en 2004. Est-ce l'effet Potter? C'est possible, mais ce serait étonnant qu'il soit à ce point sensible pour l'ensemble de la population. Et si c'était plutôt un effet du vieillissement, justement? Dans ce cas, on peut supposer que le grand départ à la retraite des baby-boomers pourrait relancer la lecture dans des proportions surprenantes...

Reste à savoir ce qu'ils voudront lire.

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