2007-05-17

 

Heinlein et Einstein

Retour à la civilisation pour entamer les premières journées interdisciplinaires Sciences et Fictions de Peyresq, mais la civilisation en question se situe au bout de la route, car Peyresq est un village abandonné repris en main par des mécènes qui en ont fait un centre de conférences pour scientifiques de haut vol. Une petite route y mène, mais aucune n'en ressort, exception faite des sentiers de randonnée pour grands marcheurs et amateurs de montagne. Selon un plan minuté avec précision par les organisateurs, plusieurs arrivages devaient converger sur le village avec un bel ensemble avant 11h. Mais c'était compter sans la SNCF, le train en provenance de Paris n'atteignant Nice qu'avec une heure de retard ou presque.

Du coup, le temps que tout le monde s'installe dans ses (fort belles) pénates à Peyresq, l'horaire est chamboulé. Les gens font (ou refont) connaissance à l'occasion d'un vin d'honneur, puis du déjeuner sur la terrasse surplombant la vallée. Ce n'est qu'après les agapes qu'il est possible d'entrer dans le vif du sujet. La présentation d'Éric Picholle sur la vie d'Heinlein apporte des éléments neufs pour beaucoup dans la salle. Ses études d'officier et d'ingénieur à l'académie navale des États-Unis, à Annapolis, permettent à Robert Anson Heinlein de sortir de son milieu d'origine dans le Midwest (Kansas et Missouri) et d'accéder à un milieu plus aisé. Il obtient des résultats brillants, qui lui auraient valu la cinquième place (sur 500) de sa promotion, si son indiscipline ne l'avait pas rétrogradé au vingtième. Il fait une brève carrière militaire de cinq ans, d'abord sur un porte-avions puis sur un destroyer, avant d'être réformé pour tuberculose. C'est au sana qu'il s'intéresse à la politique, s'engageant dans le mouvement EPIC (End Poverty In California) d'Upton Sinclair. Il édite le bulletin des adhérents et finit par se porter candidat. La guerre, ainsi que le retour d'une certaine prospérité, mettent fin à ce militantisme, mais il a déjà fait le saut dans la littérature, après quelques essais infructueux au temps d'EPIC (dont un roman à thèse, For Us the Living). Ses premières nouvelles paraissent et il réunit autour de lui la Mañana Literary Society, où il côtoie Hubbard, Williamson, Bradbury et Forrest Ackerman.

Après son divorce avec Leslyn et son mariage avec Virginia, il se lance dans l'écriture de romans pour jeunes tout en essayant de lancer une carrière hollywoodienne marquée par le film Destination Moon et la série Tom Corbett. C'est le début de la période la plus connue de sa vie, qui atteint son apogée avec les romans provocants des années soixante, qui prennent souvent position et fondent sa réputation de penseur et polémiste.

La discussion qui s'ensuit sera relancée après la pause café dans le cadre d'une discussion de la place de la science et des techniques dans la science-fiction, et surtout dans celle d'Heinlein. Comme il est souvent question de relativité, plus d'un intervenant s'emmêle en parlant d'Einstein en voulant parler d'Heinlein, et vice-versa... La discussion est relativement brève, abrégée par l'imminence du souper, mais le visionnement du film Destination Moon en fin de soirée confirme le souci de l'exactitude scientifique des réalisateurs du film, souci qui est carrément inexistant dans la plupart des films récents de science-fiction. (Ce qui ne m'empêche pas de me demander pourquoi la solution retenue pour permettre le décollage de la Lune n'aurait pas fonctionné sans trou percé dans le cadre de l'écoutille du sas... et, par conséquent, n'aurait pu être trouvée sur-le-champ — mais il aurait fallu écourter l'intermède mélodramatique du membre de l'équipage qui se sacrifie pour les autres.)

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