2007-04-20

 

L'heure des choix, avant l'heure

Demain, on vote. Comme Français de l'étranger habitant au Canada, il me reste encore moins de temps qu'aux autres pour faire un choix. Le vote a été avancé au samedi pour éviter la situation de la dernière élection présidentielle, quand les Français du Canada avaient pu voter au premier tour après avoir appris que Le Pen supplantait Jospin pour le second tour.

J'ai reçu une liasse de prospectus des candidats à la présidentielle; j'en ai gardé quatre pour les lire avant le vote (en faisant la queue?). L'indécision se comprend facilement. Les trois candidats qui cavalent en tête peuvent faire rêver ou cauchemarder, ou simplement nous éviter de penser.

En principe, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sont des candidats de la rupture. Toutefois, du point de vue socio-économique, la rupture promise par Sarkozy relève du durcissement dans le sens des tendances traditionnelles de la vie française, avec une exception possible du côté de son ouverture à la discrimination positive et à l'immigration. Mais son programme économique semble bien timide si on le compare aux intentions avouées des partis du Québec, au centre ou à droite. Bref, il propose la rénovation de la France par le paternalisme autoritaire : est-ce bien ce dont la France a besoin?

De par son sexe, Ségolène Royal incarne aussi la rupture, mais, dans son cas, on se demande si son parti la suivra sur la voie qu'elle propose. Son programme comporte de nombreux volets louables, mais il entérine aussi dans une bonne mesure le statu quo économique et réglementaire. Si Sarkozy s'est remis à pêcher à sa droite, Royal drague les eaux sur sa gauche. En essayant d'occuper un spectre aussi large, de la restauration de l'autorité au protectionnisme de gauche, elle a donc fait assez de dépités pour créer une troisième candidature entre elle et Sarkozy...

François Bayrou aussi propose une rupture, celle d'un gouvernement centriste qui mettrait fin au clivage droite-gauche. Alors qu'on se demande si le Parti socialiste suivra Royal, la question qui se pose dans le cas de Bayrou, c'est s'il aura un parti pour l'appuyer. Lui voit son rôle présidentiel autrement, et il n'a peut-être pas tort. Les cohabitations passées ont démontré qu'il est possible pour un président français de peser sur la vie politique même sans un relais en chambre. N'empêche qu'on se dit qu'il tire une partie de son soutien des électeurs qui refusent de faire l'effort de réflexion requis pour trancher entre Royal et Sarkozy.

Et puis, il y a les petits candidats, admirables de conviction et d'idéalisme. Alors, vote utile ou vote de conviction? Vote contre quelqu'un ou vote pour quelqu'un? Vote de rejet ou vote d'adhésion?

Si seulement on savait qui porte vraiment les couleurs de l'espérance pour la France...

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