2007-01-18

 

Le code de Johann

Il y a les codes et il y a ceux qui les décodent.

Les traducteurs décodent des messages secrets tous les jours. Un texte rédigé dans une langue étrangère est un message parfaitement secret pour qui ne connaît pas le code.

Mais c'est peut-être pourquoi je ne suis pas particulièrement friand des secrets à décoder et des énigmes qui reposent uniquement sur des jeux de transposition ou d'allusions. C'est déjà bien assez difficile de rendre parfaitement dans une seconde langue un texte écrit dans une première langue, en l'absence de toute intention de l'auteur d'obscurcir le sens de sa composition. Par conséquent, je n'éprouve qu'une admiration réduite pour l'ingéniosité des obsédés de la cryptographie. La clarté est difficile, l'obscurité beaucoup moins.

Certes, le codage ne produit qu'une apparence d'incohérence, cachant un message au sens relativement clair. Et le défi de la cryptanalyse, c'est d'accéder à ce sens en l'absence de la clé.

Mais si le sens du message est obscur, parce qu'il s'inscrit dans un contexte qui n'a plus cours, on se rapproche du défi de la traduction. Le sens des mots ne suffit pas. Pour traduire complètement, il faut aussi connaître — et reproduire ou transposer — le contexte d'origine, sans quoi on risque de prendre une expression imagée au pied de la lettre, ou vice-versa.

Les énigmes historiques reposent parfois sur la disparition partielle ou l'ignorance des éléments qui permettraient de comprendre le sens caché d'un message. L'astronome Regiomontanus avait pour vrai nom Johannes Müller, c'est-à-dire Jean Meunier en français. Originaire d'un village voisin de Koenigsberg en Franconie (Bavière), c'est-à-dire « la montagne du roi » en français, il latinise ce nom pour en faire Regiomontanus. (Sans trop exagérer, bref, en traduisant sans trop trahir, on pourrait faire de cet astronome un Jean Meunier de Montréal...)

Mais Regiomontanus est associé à un exercice de déchiffrement assez monumental, qui fait intervenir un astrolabe byzantin du XIe siècle, ensuite donné en cadeau par Regiomontanus au cardinal Bessarion, et un tableau de Piero della Francesca, « La Flagellation du Christ », qui a suscité plus d'une interprétation. A priori, c'est nettement plus sérieux que le «Da Vinci Code », mais je me garde la lecture de l'analyse complète pour plus tard...

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