2006-04-20

 

Quand la vie est de l'art

La liberté n'est peut-être pas une marque de yaourt, mais il y a de l'art bio comme il y a des yaourts bio.

L'automne dernier, la revue du Centre international d'art contemporain de Montréal a consacré un numéro spécial aux possibilités de l'art biologique. Rien qu'un survol des pistes abordées suffit à fasciner.

Pourtant, le bio-art m'apparaît comme un acte créateur, certes, mais beaucoup trop gratuit. N'est-il pas encore une simple forme de bricolage, car l'art peut-il avoir un sens sans un public? Je ne parle pas même d'un marché ou de débouchés rentables, car les deux peuvent exister peu ou prou de nos jours dans le réseau des institutions subventionnées et des amateurs aussi fortunés qu'isolés. Un public, c'est celui qui affirme d'emblée l'intérêt d'une création, la trouve belle et préfère celle-ci à celle-là.

Or, même si le milieu de la SFQ est restreint et même si son public est infinitésimal, ce public existe et suffit à plébisciter certaines œuvres au détriment d'autres. En revanche, le bio-art me semble chercher encore les critères de constitution d'un canon. Les projets des bio-artistes ne se réduisent-ils pas, pour l'instant, à des expériences mues par la curiosité, par la volonté de faire des choses pour montrer qu'elles peuvent être faites?

Une comparaison avec le Land Art pourrait être éclairante. Les artistes qui œuvrent dans cette veine produisent des créations dont la beauté est souvent indiscutable. Les images réunies dans le documentaire Rivers and Tides consacré à Andy Goldsworthy frappent immédiatement. Le bio-art produit des objets parfois frappants, mais existe-t-il un moyen de les différencier, de préférer tel lapin fluorescent à des cultures bactériennes manipulées pour le plaisir?

En fin de compte, ce n'est peut-être pas si éloigné des problèmes qui se posent au critique de science-fiction...

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