2006-03-16

 

Fragments d'histoire familiale (3)

L'histoire des familles est souvent un long fleuve tranquille que personne ne cherche à immortaliser. C'est ainsi que les jours et les années passent et trépassent jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour se pencher sur le passé parce que tous les témoins sont trépassés...

J'ai déjà eu l'occasion de parler d'Edmond Trudel (1860-1933), dont la vie s'est partagée entre Ottawa et Saint-Boniface au Manitoba. Sa mère était Delphine Lafleur, que l'on peut voir dans le cliché que je reproduis ci-contre — et que l'on peut comparer à l'ambrotype reproduit précédemment : elle n'a pas l'air plus commode dans l'un que dans l'autre. Edmond avait épousé Marie-Adeline-Augustine Raby le 16 août 1887 à Saint-André-Avellin.

Sa sœur aînée, Marie-Scholastique-Cimodocée, née en février 1858, avait épousé Charles Beautron Major (1851-1924) le 29 février 1876 à Sainte-Scholastique. Après la mort de son mari, qui avait fait carrière dans la politique provinciale, elle se serait retirée chez les Sœurs Grises d'Ottawa, où elle se serait trouvée encore en 1944... Selon sa biographie, Major aurait été le promoteur et directeur du Northern Colonization Railway. Il s'agit sans doute du Montreal Northern Colonization Railway (MNCR) lancé en 1869, un an après l'arrivée du célèbre curé Labelle à Saint-Jérôme. Plus tard, l'entreprise devenait la Montreal, Ottawa and Western Railway Company avant d'être officiellement acquise en 1882 par le Quebec, Montreal, Ottawa &Occidental Railway. Toutefois, l'entité MNCR semble avoir conservé une existence légale, puisque le CPR achète d'elle en 1897 la ligne qui va de Saint-Jérôme à Labelle — celle qui devait devenir le « petit train du Nord » une fois prolongée jusqu'à Mont-Laurier au début du siècle dernier.

Alfred Trudel aurait été le premier agent du CPR à la station de Sainte-Scholastique. Ainsi, il aurait partagé avec son gendre des intérêts ferroviaires...

Par contre, je dois corriger ce que j'avais écrit précédemment. Edmond Trudel n'avait pas fait ses études au Collège de Saint-Boniface, mais au Collège de Montréal de 1873 à 1881. (À gauche, j'inclus une photo du jeune Edmond, prise en principe en 1880 quand il avait vingt ans.) Ainsi, il n'a pas pu connaître Georges Lemay au Collège de Saint-Boniface; par contre, comme il s'établit au Manitoba en juillet 1881, ayant abandonné le droit pour le journalisme, il a quand même passé quelques années sur place avant de recevoir en 1884 le livre de Georges Lemay et il est donc possible qu'ils se connaissaient. Il est alors rédacteur en chef du journal Le Manitoba depuis peu, car il occupera ce poste de 1884 à 1894. Autrement dit, il sera aux premières loges pour la rébellion de Riel en 1885 et sa condamnation, ainsi que pour le débat des écoles du Manitoba...

Sur la fin, il cumule ses fonctions éditoriales avec un emploi de maître de poste de Saint-Boniface de 1892 à 1895. C'est en décembre 1895 qu'il accepte un emploi au Bureau des Terres du Dominion, qui fait partie du département de l'Intérieur. Transféré à Régina en 1898, il est de nouveau transféré en 1905, quand il est affecté à Ottawa. Entre temps, il avait ramené sa femme dans l'Ouest et mon grand-père était né, premier enfant de la famille, en 1888 à Saint-Boniface.

Leur quatrième enfant et troisième garçon naît le 5 décembre 1893, peu après l'accession d'Edmond Trudel au rang de maître de poste. C'est peut-être ce qui vaut une attention spéciale au bébé de la part de l'archevêque Alexandre Antonin Taché (1823-1894). S'il a bien été baptisé par Monseigneur Taché ou s'il l'a eu comme parrain, Alexandre Antonin Trudel a dû être un des derniers. Six mois à peine après ce baptême, l'archevêque décédait le 22 juin 1894. Selon les notes que j'ai à son sujet, Alexandre Antonin Trudel va étudier chez les Frères du Sacré-Cœur à Ottawa, travailler en tant que commis de magasin puis se faire embaucher comme « rancher » à Battleford en Saskatchewan en 1910. En raison de son âge, j'ai du mal à le voir comme propriétaire ou gérant d'un ranch à cette date précoce. Cowboy, peut-être... En 1916, il s'enrôle dans l'armée canadienne et il est fait caporal. Cependant, les documents l'attestant ne sont pas disponibles en-ligne comme le sont ceux pour ses frères Jean-Joseph et Paul-Émile, pour qui j'ai les attestations de leur enrôlement.

Stationné à Valcartier jusqu'à la fin de la guerre, il devient ensuite épicier à Ottawa de 1919 à 1925, où il avait épousé Marie-Anita-Jeanne Joly le 21 mai 1918 à l'église Saint-Jean-Baptiste. Des enfants naissent, mais cela n'empêchera pas la famille de quitter la capitale. Elle s'établira ensuite à Windsor en 1926, puis à Détroit après 1932.

Libellés : ,


Comments: Publier un commentaire

<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?