2006-01-11

 

Voyage au Chili (2)

Comme je le racontais le 6 décembre dernier, j'ai profité de mon voyage au Chili en mars-avril 1992 pour visiter un peu. Après avoir passé deux semaines au sommet de Cerro Las Campanas en essayant d'observer les étoiles les plus chaudes de l'Univers dans les amas stellaires les plus jeunes de la Galaxie, il m'a bien fallu remettre les clés de l'observatoire — et de la voiture qui allait avec — au prochain astronome. Mais je n'étais pas obligé de m'en retourner sur-le-champ au Canada, car le billet d'avion que j'avais pris me permettait de rester une semaine de plus en terre chilienne (à mes frais, bien sûr).

Je me suis donc trouvé un petit hôtel pas trop cher à La Serena, petite ville au bord d'une baie du Pacifique où un Conquistador espagnol rapporte avoir vu une sirène, il y a longtemps.

Je ne sais plus comment, mais j'ai obtenu de visiter le grand observatoire chilien d'un consortium d'universités des États-Unis, celui de Cerro Tololo. Deux employés se rendaient sur place pour la journée et m'ont permis de les accompagner le 6 avril 1992. En plein jour, le dôme du télescope de 4 mètres se dresse sur une esplanade dont le marquage et les pistes bétonnées composent un dessin abstrait presque artistique. On peut en juger dans la photo ci-contre, prise en plein jour, quand les astronomes dorment... En fait, je plaisante, car des gens étaient à l'œuvre à l'intérieur, que ce soit pour bichonner les instruments ou pour réduire les données recueillies précédemment.

Depuis 2000, le télescope de 4 mètres n'est plus le roi des instruments dans cette région, the king of the hill... Il a été supplanté par le miroir géant de 8,1 mètres de l'observatoire construit sur Cerro Pachón, à une dizaine de kilomètres (à vol d'oiseau) de Cerro Tololo. (Voir les photos dans ma contribution du 6 décembre dernier.) En 1992, la construction n'était pas même commencée, mais un site avait été retenu et les spécialistes procédaient à des relevés pour mieux cerner la qualité du lieu.

Ainsi, tout ce qu'il était possible de voir du pic de Cerro Tololo, c'était la muraille rocheuse d'El Pachón sur laquelle se dresserait un jour le nouvel observatoire baptisé Gemini (parce qu'il abriterait un télescope qui serait le jumeau d'un télescope érigé sur le volcan géant de Mauna Kea). La photo ci-dessous montre bien le paysage sévère de la cordillère andine à plus de 2 000 mètres d'altitude. Elle a aussi le mérite d'immortaliser un élément de ces grands observatoires qui n'apparaît pas toujours dans les photos : la base arrière, en quelque sorte.

En effet, on aperçoit à l'avant-plan les hangars et stationnements qui accueillent les camions et l'équipement de construction qui servent à l'entretien du site. En effet, un observatoire situé en pleine montagne, à des kilomètres de la ville la plus proche, a intérêt à pouvoir compter sur lui-même pour les réparations urgentes ou spécialisées, ainsi que les travaux de réfection lourds. (Dans certains cas, je crois aussi qu'on abrite ainsi ce qui peut rester de l'équipement qui a servi à la construction originale du site, en sachant parfois qu'il ne s'écoulera que quelques années avant la prochaine entreprise de construction sur les lieux.)

En 1992, la construction de Gemini n'était pas encore pour tout de suite. (Les travaux de terrassement ont commencé en 1994.) Cependant, si on fait un zoom sur une partie de la photo de la crête d'El Pachón, le cliché révèle, à l'extrême limite de la résolution disponible, un point blanc un peu plus gros que les reflets visibles sur la droite de la crête. (Il faut cliquer sur l'image à droite pour mieux voir.) Comme il se dresse sur la seconde éminence en partant de la gauche, éminence qui correspond essentiellement à l'altitude maximale de cette crête, je crois qu'il s'agit d'une tourelle d'observation dressée pour tester les conditions d'observation. Si jamais je retourne au Chili, je pourrai vérifier si l'observatoire Gemini a bel et bien été construit sur ce pic...

Une dernière photo permet de conclure cette visite. C'est celle d'un télescope qui pourrait être un petit télescope de 24 pouces (60 centimètres) que j'ai eu l'occasion de visiter sur le site de Cerro Tololo, qui a déjà compté un petit télescope de 16 pouces (aujourd'hui abandonné). L'équipement annexe permettrait peut-être à un connaisseur d'estimer la taille du miroir, mais cela fait trop longtemps que je ne suis plus dans la course...

Si c'est bien le télescope de 24 pouces, je me souviens qu'il ne servait plus beaucoup. En 1992, je crois qu'il restait tout au plus un ou deux astronomes pour l'exploiter. À une telle altitude, il faut reconnaître qu'un télescope aussi petit pouvait quand même accomplir de grandes choses. Et même au niveau de la mer, comparativement parlant... À Richmond Hill (Ontario), à l'observatoire David Dunlap de l'Université de Toronto, mon directeur de thèse utilisait à l'époque une paire de télescopes couplés, le plus grand doté d'un miroir de 24 pouces et le plus petit d'un miroir de 19 pouces, pour examiner des étoiles variables. J'ai passé de nombreuses nuits, hiver comme été, à tenter de m'en servir également. Que reste-t-il de toutes ces observations? Des souvenirs. Et peut-être quelques données conservées dans un tiroir du département d'astronomie de l'Université de Toronto, sur une vieille mini-cassette numérique...

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