2005-11-15

 

Naufragé en terre ferme (I)

Deux extraits du roman de Vittorio Frigerio que je suis en train de lire:

«On comprend toujours les regrets et la tristesse. Pensez alors à la tristesse et aux regrets de ceux dont l'histoire n'a pas pu se hausser au niveau du tragique et de l'exemplaire, même dans les rôles secondaires. Pensez à ceux qui ont œuvré, qui ont ourdi, qui ont travaillé parfois toute une viee pour voir leurs rêves s'écraser contre le mur idiot des circonstances, s'effriter sous le poids aveugle de la fatalité. Pensez à tout ce qui a été à un doigt de la réussite et n'a jamais vu le jour, à tout ce qui est parvenu aux limites suprêmes de l'ombre et a été stupidement refoulé avant de toucher à la chaleur du soleil. Pensez à toutes les histoires qui veulent encore être racontées, qui ne l'ont jamais été et nourrissent toujours sous la cendre l'espoir de trouver une voie!

«Il faut chouchouter les artistes, cher ami, les artistes en tous genres... leur faire croire qu'il reste quelque part un public fait à leur intention pour qu'ils puissent oser recommencer à tisser leurs intrigues, hi! hi! hi!, leurs intrigues, leurs trames, leurs narrations suspendues, n'est-ce pas?

Que voilà un beau passage sur la création. Et le second extrait que j'ai retenu pourrait servir de commentaire au projet de ce blogue:

«N'importe quel économiste, n'importe quel petit politicien prétentieux peut lire dans l'avenir comme dans un livre ouvert. Il a été colonisé, l'avenir... Le premier publiciste venu vous le décrira dans le détail comme s'il l'avait fait. Chacun a son idée là-dessus, son opinion basée sur des analyses scientifiques incontestables, ou des inspirations qui ne trompent pas... L'avenir est une industrie comme une autre, cher ami. Un produit à dévorer avant même de l'avoir en main, ce qui, vous l'avouerez, est la réalisation idéale de la société de consommation : la vente et l'utilisation d'une marchandise qui n'existe pas encore!

Pour l'instant, c'est un ouvrage où l'essai le dispute au romanesque...

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