2005-11-06

 

Le volet littéraire

Le sous-titre choisi pour ce blogue rend un hommage délibéré aux journaux du dix-neuvième siècle qui s'affublaient de sous-titres qui ressemblaient plus à une table des matières qu'à un slogan. Les temps changent et les modes aussi. Les exigences du commerce ont mené à la spécialisation des publications qui ont éliminé la fiction qui faisait autrefois les beaux jours des journaux et qui ont confiné les commentaires politiques ou philosophiques aux pages éditoriales.

Ce blogue aura donc un volet littéraire, mais ce ne sera pas nécessairement le plus fourni. J'ai de nombreux autres débouchés pour mes commentaires littéraires, dont la liste SFFRANCO, que j'anime depuis 1993. (Pour s'abonner, on peut m'écrire à l'adresse jltrudel (à) ncf.ca en utilisant un intitulé aussi spécifique que possible.)

Mais j'évoquerai à l'occasion des commentaires qui n'ont pas leur place ailleurs.

Par exemple, je lis en ce moment un recueil de l'autrice canadienne Holly Phillips. Publié par Prime Books, In the Palace of Repose réunit neuf nouvelles, présentées par Sean Stewart, ce qui n'est pas rien. Si la première nouvelle relève d'une forme de fantasy, certains textes versent plus franchement dans l'horrifique sans nécessairement faire intervenir le fantastique de manière ouverte. Ainsi, «The Other Grace» décrit le réveil d'une adolescente qui a tout oublié de sa vie antérieure. Si on ne tient pas compte de sa conviction d'être observée par un fantôme de celle qu'elle était autrefois, à deux ou trois reprises, la nouvelle se distingue surtout par son évocation prenante de l'angoisse de quelqu'un qui ne sait plus qui elle est et qui se persuade petit à petit qu'elle n'a plus rien à voir avec son ancienne personnalité. C'est le genre de texte qui n'a pas peur de faire souffrir le personnage principal et qui n'en retire qu'une force plus grande.

Par contre, la nouvelle intitulée «A Woman's Bones» — qui décrit les fouilles d'un tumulus menées par des archéologues (apparemment britanniques) dans la steppe asiatique — sonne faux. La protagoniste est une interprète du lieu, seule survivante (?) d'une tribu nomade qui doit composer avec ses employeurs européens et aussi la tribu (apparentée à la sienne) dont on veut déterrer une ancêtre au passé glorieux. Après avoir laissé planer la possibilité d'une intervention surnaturelle, la nouvelle se tire d'affaire par une pirouette. Mais, comme traducteur et «passeur» moi-même à cheval entre plusieurs cultures, je n'ai pas été convaincu par le personnage de cette interprète.

Bref, il s'agit d'un recueil dont les réussites sont pour l'instant plus nombreuses que les ratés. Je soupçonne que je finirai par le recommander de tout cœur.

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